VILLA DONDONA : Retour sur l'article de Christophe Gayraud paru dans Terres de Vins en 2016 . (photographies Emmanuel Perrin)
Villa Dondona, “step by step”
« J’ai rencontré très peu de gens qui ne disent pas : un jour j’aurai un domaine. Nous, nous nous sommes glissés dans l’histoire du nôtre. Il y a d’abord eu le terrain avant le désir de le cultiver, puis un appel à faire un peu de vigne. » Jo Lynch et André Suquet sont installés dans leur double salon, nef d’une ancienne chapelle et ancien hôpital aujourd’hui réunis, du quartier du Barri à Montpeyroux. Un parfait résumé de leur Villa Dondona, nom du domaine inspiré d’une de leur parcelle mais aussi d’une sonnaille occitane ou d’une séductrice médiévale imaginée. Tout ici est assemblage, conjonction, fusion, poésie, agrégation au fil des ans. Presque trente.
Jo est anglaise, encore artiste peintre animalier. André était médecin. Ensemble, ils sont devenus vignerons. En 1998, André veut offrir « un petit terrain avec une capitelle dessus pour que Jo crée son jardin. J’achèterai finalement quinze hectares de garrigues ». Deux ans plus tard, ils plantent ensemble une première petite vigne, pour avoir le plaisir de faire leur vin. Sans le savoir, les grands travaux ont commencé. Des terrasses sont rouvertes avec harmonie entre chênes verts, blancs, kermès, oliviers de variétés oubliées, thym, cistes, lavandins. Tractopelles, concasseurs et bulldozers ont été utilisés comme des scalpels pour magnifier le site.
« Il y a toujours le choix entre dix chemins possibles »
Nature des sols et expositions ont guidé le choix des cépages. D’abord syrah, puis grenache et mourvèdre pour les rouges, plantés en haute densité et guidés très près du sol, « le raisin mûrit à hauteur de bouteille ». Pour les blancs, un rectangle de vermentino s’épanouit à l’ombre d’une pergola grimpant à plus de deux mètres. Avec leur maintenant jeune adulte roussanne et une vieille vigne de grenache blanc et marsanne, ailleurs dans le village, les jeunes vignerons osent des assemblages innovants : « nous sommes à l’affût, puis dans l’attente et l’espoir. Nous voulons éprouver du plaisir pour ensuite le partager. C’est compliqué de planter un vignoble. Il y a toujours le choix entre dix chemins sur lesquels s’engager. » Un projet à faire germer, le dessin d’un rêve à réaliser, la courte échelle pour une pensée à préciser semble avoir effacé leur hésitation. Dès les premières cuvées en 2005, Jo Lynch et André Suquet ont confronté leur travail aux avis parfois cruels du jury du concours des vins de la vallée de l’Hérault. La récompense ne les a fuis qu’une seule année en dix participations. Jo préfère se souvenir du Grand Prix obtenu pour le millésime suivant en 2010. Leur prochain chantier est de déménager leur cave, chai et terrasse de dégustation plus haut sur les coteaux. Le bâtiment à rénover date de la même époque que le Castellas voisin, XIIe siècle. Ce futur salon pour leurs vins doit être terminé pour 2017.
Textes Christophe Gayraud, photographies Emmanuel Perrin